Le Comptoir de l’Eouve restaurant Coudoux – Ça pourrait ressembler à un restaurant pour amoureux tant dedans c’est pas grand, croquignolet et pas tape-à-l’œil dans le décorum, juste ce qu’il faut pour s’échanger des mots doux sans la gêne des restaurants coincés qui engourdissent la spontanéité. Avec Mauricette vu que point de vue “mots d’amour” on a fait de tour depuis belle lurette, on préfère manger dehors pour s’éviter le calvaire d’un bavardage de tourtereaux. La terrasse et sa fontaine sont de toute façon agréables, juste devant la mairie, juste sous les platanes. Puisqu’on y est, la cuisine est particulièrement juste elle aussi, vivante et copieuse.

Karen Favre et Stéphane Almela tiennent table fameuse à L’Eouve de Ventabren avec le succès que l’on sait. Ils délèguent ici à une équipe de confiance. Bravo, trouver du personnel candidat à l’épanouissement professionnel n’est pas la moindre des performances. Bien sûr que le niveau de cuisine exigé par Karen Favre (parents breton et savoyard) est persistant, la médiocrité l’exaspère, le moyen la déglingue, le fade la démoralise, le mou l’agace, le terne l’irrite. Avantage: elle ne change pas d’avis chaque seconde! Un plan de route, tu suis l’étendard sinon tu pars. Bref! Sa cuisine est recherchée, dans la lignée de la maison-mère, mêmes produits exigeants, recettes suivant le marché et la saison. Menu-carte 32€ avec pour début, prenez votre souffle: gaspacho de tomates, wasabi et burrata panée, zestes de citron jaune, gel d’eau de tomates, pétales de zébra, tomates confites. Bon. Faut aimer la tomate sinon non. Pierre Desproges disait “la tomate est l’aboutissement somptueux du savoir-faire divin dans le règne végétal”. Pas mieux! Faut-il encore la choisir avec rigueur, ce qui est le cas ici. L’intitulé pesant du plat, évite que chaque personne de chaque table de toute la terrasse à chaque service demande des détails à l’oral genre “ya quoi dedans?”. Bref! L’entrée gourmande et estivale plein fer: 15,5/20. Mes St-Jacques aux agrumes enroulées de jambon cru, purée de céleri. A lire, on pense qu’on va siroter le plat à la pince à épiler. Penses-tu Lulu! Ici on mange pour se régaler la cafetière et ne plus avoir faim! Cuissons terribles, saveurs cogitées: 15,5/20. La dame au chapeau vert aime la cuisine italienne: osso-bucco, gremolata, zestes citron et orange, ail et persil, polenta tomates séchées et romarin. Ma que bueno! Sauce d’un autre monde, à se taper la courge sur le minestrone. Cuisson de la viande un peu poussée, mais de belle qualité. 15,5/20. Dessert génoise et crème d’abricot/bergamote, crackers au chocolat blanc, abricot rôti au romarin. Le fruit et non le sucre, le crackers Belin ne craque plus puisque utilisé en appareil avec le chocolat blanc. Mauricette craque, elle: 15,5/20! Service en duo avec un Guillaume Béziat qui déroule avec assurance, œil partout et bonhomie méridionale. Table née en aout 2019! Seulement! Curieuse sensation, comme si le Le Bistrot de L’Eouve avait toujours été là, dépassant ainsi le cadre de la simple table annexe… Qui s’y frotte s’y régale!