La P’tite Norvège restaurant Saint-Victoret – Vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent dans le coin. Je me dis qu’avec un tel sobriquet, lui doit être original. Un nom pareil posé au frontispice d’une maison sudiste quand tape le soleil fait rêver, fraicheur assourdissante de rivière turbulente que le sportif saumon remonte en prenant son courage à deux nageoires avant d’arriver demain, peut-être si un viking en ski de fond ne le piège pas avec un hameçon. Parking aisé et jolie terrasse, adossée à la Poste et mitoyen du musée de l’Aviation. Un dedans pas grand, et la longue vitrine réfrigérée n’expose pas de prêt-à-manger mais de la vaisselle en attente d’utilisation, des fruits et légumes aussi. Du produit brut.

L’accueil des deux dames est rugueux, franchement septentrional pour ne pas dire carrément froid. Nos rapports s’améliorent tandis que je questionne avec naïveté sur la qualité des plats que propose La P’tite Norvège: pieds paquets 17,5€, pavé de veau 18€, tartare 18€, spaghetti 9,5€, et des salades à 11€. Et le “plat gourmet” du jour à 11€, une daube avec polenta. Puisque la maison met en avant la Norvège, je joue le viking avec du saumon. Car oui quand même, ça serait ballot de passer à côté de lui d’autant que la serveuse m’en vante la provenance: mariée à un norvégien, sa sœur lui en ramènerait pour son restaurant. En sus des plats cités plus haut, on trouve donc une assiette de saumon fumé grand cru à 17,5€ et mon saumon gravelax. Belle assiette en générosité si dense qu’on ne pourrait pas ajouter une olive, qui s’efforce de plaire mais on comprend vite que son credo est de sustenter. Sinon le saumon fin surchargé de grains de poivre, une agréable purée de pomme de terre cerclée surmontée d’une brunoise de tomate, quelques feuilles de salade verte fraiche, des tagliatelles de légumes, des rondelles de radis, carotte râpée… sympa et volontaire! 14/20 pour 16,90€. Je pousse au dessert avec la salade de fruits réalisée minute devant moi! Raisin blanc, ananas séché par le froid de la vitrine, mangue molle, de la pomme… un peu courte: 12/20 et 4,5€. La cuisinière mouline de la passoire installée entre salle et arrière-boutique, faut dire que c’est pas grand et que faut bien se mettre quelque part quand manque la place.

Deux sœurs à l’ouvrage, Marie-Christine et Liliane Aubry. La troisième est en Norvège. Des filles de restaurateur en âge d’être retraitées équipées de caractères bien trempés: elles trimballent le souvenir d’un père qui leur a transmis les bonnes choses de la cuisine et une forme d’exigence devenue anachronique à une époque où tout le monde s’en tape tant que sonne le tiroir-caisse. On applaudit la volonté comme la simplicité et l’absence réconfortante de hamburgers dans une ambiance qui rappelle celle des “mères” de la cuisine lyonnaise. Notons quand même que ces dames auraient pu m’éviter le panneau racoleur “produits frais locaux” qui résonne comme un argument marketing superflu. Produits frais sans doute, mais locaux? Qu’en pensent les saumons?